Je reçois pour des séances individuelles en Art-thérapie comme en Sophrologie mais aussi dans les institutions. Je viens partager ici une expérience d'intervention en Art-thérapie à l'hôpital.
« Dans le contexte hospitalier somatique où l’épreuve de la maladie est rythmée par les traitements médicaux, l’art-thérapie ouvre une parenthèse, un espace-temps qui apaise et reconnecte le corps et l’esprit. Son originalité est de mobiliser la créativité du patient pour remettre en mouvement son énergie vitale, apaiser ses symptômes et augmenter son sentiment d’efficacité personnelle.
Au cours des deux dernières décennies, l’art-thérapie a étendu son champ d’action à des sites de traitements autres que la psychiatrie. Dans le but d’améliorer la qualité de vie des patient·e·s, des services somatiques adultes commencent aussi à lui faire une place. »
Extrait de Montserrat Ramos Chapuis, psychologue art-thérapeute, Centre de médecine intégrative et complémentaire, CHUV, Lausanne Article à lire sur : REISO - Soins - L’art-thérapie à l’hôpital, dialogue thérapeutique
Devant le stress lié au contexte et généré par le traitement des dyalisés, l’équipe de l’association ECHO m’a proposé d’intervenir sur les temps de dialyses des patients à l’Unité de Dialyse Médicalisée de La Roche-sur-Yon, dans le cadre de la Semaine de La Lutte contre la Douleur. J’ai alors proposé le dessin aux crayons de couleurs ou la peinture méditative pour que ceux -ci puissent s’apaiser, se libérer de leurs tensions et permettre d’ouvrir le dialogue sur leurs ressentis physiques, mentaux et émotionnels.
Cette expérience m’a permis de lever les freins résiduels à l’adaptation d’exercices d’art thérapie envers tous les publics. Les cas où l’on se retrouve empêché de proposer l’art thérapie du fait d’un handicap ou d’une limitation particulière sont finalement assez rares ! Avec un peu d’imagination, on peut en effet toujours adapter la demande aux contraintes hospitalières. Ce qui prime sera plutôt l’envie des bénéficiaires de participer, ce qui nécessite un peu d’énergie de leur part, pour qu’ils puissent tenter d’exprimer quelque chose par la peinture, par le dessin aux crayons feutres, aux pastels secs. L’art thérapie à l’hôpital sera facilitée par l’équipe de soins qui connait bien les patients et également les moyens disponibles : tablettes repositionnables, pots ou autres bacs adaptables aux tablettes….
Dans l’unité de Dialyse médicalisée qui m’a accueillie pour faire bénéficier à leurs patients d’ateliers de 2h, les malades viennent passer de longues heures (4h en moyenne) dans le service pour être pris en charge, alités pendant toute la durée du traitement, et ce plusieurs jours par semaine. Le temps est alors très long, le moral plus ou moins bon selon le degré d’acceptation de leur état. La douleur et la fatigue sont souvent liées, en fonction de paramètres plus larges.
Le constat de l’équipe médical a donc été de tester des pratiques pouvant leur permettre de se changer les idées, faire un pas de côté, se nourrir d’autres plaisirs que celui qui leur est accessible plus facilement : la lecture ou la télévision. L’enjeu était double : faire passer le temps de la dialyse plus vite, et défocaliser des sensations physiques et mentales pour essayer de faire diminuer la perception de la douleur. Côté émotionnel, l’art thérapie permet de diminuer la charge, coté mental, mettre des mots sur la perception globale permet de prendre du recul et de passer un moment de convivialité. Mon statut de créatif et de professionnelle de la relation d’aide apporte un regard extérieur au quotidien médicalisé des patients, une escapade fugitive. Dans le cadre d’un parcours plus suivi, nous pourrions aborder un travail plus en profondeur, en accompagnant le processus créatif de la personne. L’expression créative peut alors aider le patient à s’écouter, se faire confiance et retrouver l’équilibre psychique.
Les patients, installés le plus confortablement possible dans des lits médicalisés, ont pu tester soit le dessin méditatif aux crayons soit la peinture pour certains, avec un bras seulement disponible pour 90% d’entre eux, sans grande ampleur de mouvement. Une fois sur deux la main disponible était la main non dominante, et cela n’a posé aucun problème !
Grace à l’équipe de soignants hyper mobilisés par le bien être des patients, un questionnaire a pu être soumis avant et après les ateliers et malgré l’échantillon trop court pour avoir des résultats tout à fait parlants, il est très encourageant de constater que 5 patients sur les 11 personnes qui avaient des douleurs avant l’atelier (sur un échantillon de 14 personnes que j’ai accompagné sur les matinées concernées) ont vu leur perception de la douleur diminuer et leur humeur s’améliorer.
Voici quelques témoignages touchants : « à refaire plus souvent", "je n'ai pas pensé à la maladie pendant l'atelier", "je n'ai pas vu le temps passer aujourd'hui". Ca été un réel moment de cohésion et d'échanges pour eux. »
Merci pour cette belle aventure. Il y a tant de choses à imaginer !
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